plaisir ?

Qu’entend-on par plaisir ?

Tel que défini par le Trésor de la Langue française, il est l' »État affectif agréable, durable, que procure la satisfaction d’un besoin, d’un désir ou l’accomplissement d’une activité gratifiante« . En philosophie et en psychologie, il est le « pôle fondamental de la vie affective (dont l’autre pōle est la douleur)« . On lui trouve de nombreux synonymes : bonheur, contentement, joie, satisfaction, amusement, distraction, divertissement…

Prendre du plaisir, ce serait donc, passer un bon moment. Et comment dès lors transmettre le plaisir de lire ?

Se poser la question du goût et du plaisir de lire est fondamental. D’autant plus quand les jeunes lecteurs sont « contraints » depuis tout petits, d’apprendre et de manipuler la langue à des fins d’apprentissage (et d’évaluation). Transmettre ce plaisir de lire, c’est un défi que, enseignants, bibliothécaires, animateurs, éducateurs et parents, sommes prêts à relever, mais face auquel nous sommes parfois démunis.

Avec les centres bibliopédagogiques, l’objectif est d’envisager le livre (à l’instar du jeu ou du jouet, comme nos cousins, les centres ludopédagogiques)  et la lecture comme un vecteur de plaisir, tout en exploitant les vertus éducatives de l’un et de l’autre.

La mission n’est pas aisée, et l’auteure française Marie-Aude Murail en 1996 (Nous on n’aime pas lire…, De La Martinière Jeunesse) s’adressait aux « mauvais lecteurs », ceux qui n’aiment pas lire, en les interpellant sur ce manque d’attrait pour la lecture. Que ce « non-plaisir » soit lié à des difficultés d’apprentissage, à un manque de sens, à un rejet de lectures imposées, à la « ringardise » présumée du livre, la romancière rappelait que la lecture n’est pas unique et singulière et que le plaisir doit parfois être titillé pour jaillir.

Nous ne pouvons pas ignorer les autres formes de lecture développées par les jeunes, sur écran, en ligne… qui ne cessent d’évoluer et qui réduisent l’espace « lecture de livres » des jeunes (Gabriel Langouët et Hélène Béraud-Caquelin posaient déjà ce constat en 2004 dans « Mais si, ils lisent ! » in Aimer lire : guide pour aider les enfants à devenir lecteurs, Bayard Jeunesse, p. 92-94). C’est cependant d’abord le plaisir convoqué par les livres que nous voulons contribuer à développer, en outillant les prescripteurs de lecture.

Pour susciter, raviver, intensifier ce plaisir, peut-être faut il passer par un lieu, un espace favorisant une plongée dans le plaisir de la lecture, de l’écriture, de l’oralité… les centres bibliopédagogiques peuvent y contribuer au travers de ressources et d’un environnement propices à ce plaisir.

Pour une typologie du plaisir…

Chiasson, Dubé et Blodin[1] ont essayé de déterminé les causes du plaisir. Partant de l’exemple du jeu et du joueur, ils proposent des causes extérieures, interpersonnelles ou intra-personnelles.

Si nous l’appliquons au plaisir de lire et au lecteur, nous pourrions considérer que les causes extérieures seraient en rapport direct avec l’environnement, soit-il matériel ou pratique (espace, assise…) ou davantage liées au contexte psychologique ou sociopolitique.

La relation à l’autre et les interactions sociales constituent les causes interpersonnelles, qui pourraient sembler plus éloignées de la lecture, par essence personnelle, que du jeu. Ces causes régissent néanmoins tout le caractère émotionnel et affectif, qui est intrinsèquement lié au plaisir que nous souhaitons susciter et qui passe par l’accompagnement, le partage, l’échange…

Les causes intra-personnelles sont elles uniquement liées à l’individu et à son regard sur lui-même, ses valeurs.

Les trois types de causes du plaisir que les auteurs définissent pour le joueur, nous le voyons, s’appliquent aussi au lecteur.

[1] N. Chiasson, L. Dubé et J-P. Blodin. Happiness: a look into the folk psychology of four cultural groups. The journal of cross-cultural psychology

Forts de notre expérience similaire avec l’exploitation du jeu pour prendre le plaisir d’apprendre, nous nous penchons sur les huit types de plaisir que le concepteur de jeux Marc Le Blanc a déterminés dans sa « taxinomie des plaisirs ludiques »[1].

Certains éléments nous semblent applicables à la lecture également. C’est notamment le cas lorsqu’il évoque :

  • « La sensation : qui est relative aux sensations et donc à l’utilisation des sens comme vecteur de plaisir.[…]» 
  • « Le fantasme : le plaisir de l’imaginaire »
  • « La narration : cela signifie le déroulement dramatique d’une séquence d’évènements »
  • « Le challenge : il correspond au plaisir du défi, de la résolution du problème »[…]
  • « La découverte : l’accent est mis ici sur la nouveauté mais aussi la curiosité et l’exploration. […] »
  • « L’expression : c’est à la fois la création au sens large et l’expression verbale »
  • « La soumission : c’est le plaisir d’entrer dans le jeu et d’accepter les règles qui le régissent. Il y a un côté lâcher prise avec le présent pour entrer dans le monde virtuel que propose le jeu »

Nous le constatons, ces éléments peuvent tout autant représenter le plaisir de lire.

Seul l’élément de camaraderie, en référence à la coopération au sein du jeun, nous semble moins évident au vu du caractère individuel que revêt la lecture. Néanmoins, elle reste partageable, tout comme le plaisir qu’elle procure, à l’occasion d’échanges, de débats…

[1] M. LeBlanc cité dans J. Schell, L’art du game design. Pearson p121

L’attrait de l’objet livre

Qu’est-ce qui nous pousse, nous lecteurs, vers un livre ?  Nous listons ici une série d’éléments concrets qui seront évocateurs chez tout le monde. Parfois un élément suscite notre intérêt, parfois plusieurs. 

  • la couverture – l’illustration
  • le titre
  • l’auteur – l’illustrateur
  • la taille 
  • le thème
  • le genre
  • une particularité – une originalité : un format, une texture, une odeur
  • une transmédialité : une adaptation en dessin animé, en film, en jeu…

centre bibliopédagogique ?

Le Centre Bibliopédagogique est avant tout un lieu de plaisir ! Il  permet à une classe, des élèves en heure d’étude… de profiter d’un lieu et de l’explorer en se plongeant dans le plaisir de la lecture, de l’écriture, de l’oralité.

Un Centre Bibliopédagogique se définit au cas par cas, en fonction de chaque établissement scolaire et de son projet pédagogique, par son mode d’utilisation, ses usages, ses visées. Qu’il s’agisse d’un lieu où les élèves peuvent développer des compétences transversales, rêvasser pendant une heure de fourche, découvrir la poésie, revisiter un album, participer à un atelier d’écriture, rencontrer un auteur…

Pour les élèves, le Centre Bibliopédagogique invite au plaisir de la lecture d’une part en proposant des ressources et collections, et d’autre part grâce à un environnement confortable et agréable, entraînant un sentiment de cocooning, à se poser pour lire… et plus encore ! 

Pour le corps enseignant et le personnel de l’établissement scolaire, les possibilités pédagogiques sont multiples, variées et soutenues par des pistes et outils mis à disposition en ligne. Chaque situation spécifique peut être prise en compte au moment du déploiement du Centre.  

Pour les autres, le Centre Bibliopédagogique pourra dans certains cas être une porte ouverte sur le quartier, le village, les parents d’élèves, les acteurs locaux… 

Le Centre Bibliopédagogique n’est pas une bibliothèque scolaire, ni une bibliothèque publique ! Le prêt n’y est pas pratiqué et le Centre Bibliopédagogique se veut être un tiers-lieu où se poser pour se détendre, échanger…  

Selon les cas, le dispositif sera modulable et adaptable (présence ou non d’une bibliothèque scolaire, de bibliothèques de classe, d’une bibliothèque publique, pédagogie en place…)

POUR QUI ?

Les Centres Bibliopédagogiques et Ludopédagogiques des Talents s’inscrivent dans une démarche globale qui visent d’une part à développer la motivation des enfants et faciliter le développement de leurs compétences et d’autre part à aider les enseignants à améliorer la qualité de leur enseignement par la proposition de projets, d’outils et de conseils didactiques.

Si notre démarche est pédagogique, elle se veut tout autant sociale. En effet, nous voulons aider  les écoles et les populations fragilisées. A savoir des enfants qui n’ont pas accès

  • à la lecture
  • à la langue française
  • à des ouvrages correspondant à leur maitrise de la langue ou à leurs centres d’intérêts.

De nombreux établissements scolaires du fondamental ou du secondaire ont mis la lecture au centre de leur action pédagogique et de leur plan de pilotage. Un choix qui met en exergue la difficulté rencontrée par les enseignants au sein de leur classe au niveau da la maitrise de la langue, du vocabulaire, de la compréhension et de la lecture. 

Aider un enfant à découvrir la littérature et à éprouver du plaisir lorsqu’il lit un style d’ouvrages ou à apprendre sur une thématique précise aidera automatiquement ce dernier à développer ses compétences langagières.